Portrait d'un Français en Islande.

Jean-Marc Plessy

 

Jean-Marc Plessy est professeur d’Aïkido, de Qi gong et praticien de massage Shiatsu. Il aime aussi la nature et a trouvé un moyen de fusionner tous ces domaines d'intérêts... dans son agence de « tourisme calme » dans le nord de l'Islande.

   

Qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes installé en Islande et avez ouvert une agence de tourisme ?

 

Je suis venu pour l’espace et le silence, pour la qualité des rêves en Islande, car ici les rêves ont une saveur particulière. Je suis venu pour la randonnée et la photographie et j’ai eu envie de revenir, puis assez vite de rester. Mon parcours de vie en France a été entre la pratique des arts martiaux (professeur d’Aïkido), les massages Shiatsu, la randonnée, l’organisation de stages aussi. En Islande j’ai vu assez vite la possibilité de tout réunir en une seule activité à travers le tourisme et l’agence Alkemia (que j’ai créé avec ma compagne islandaise Harpa Barkardóttir, guide et professeur de yoga), voyager en Islande, être dans la nature avec l’état d’esprit que nous cultivons par la méditation et différentes pratiques.

 

Quelle est la différence principale entre votre agence et une agence « traditionnelle » ?

 

Nous ne cherchons pas à tout prix à vendre un voyage, si celui-ci ne respecte pas notre éthique. Nous pensons que le tourisme BPPB (bus, pipi, photo, bus) ne respecte ni l’environnement (fragile en Islande), ni la population et encore moins nos visiteurs. Nous recherchons aussi à supprimer cette différence entre des personnes venant visiter le pays et les Islandais dans leur propre pays. Quelle différence y a-t-il entre un groupe d’Islandais en randonnée et des Français en randonnée, pourquoi ces derniers seraient des touristes ? Nous essayons de créer des ponts, des échanges.

 

Que cherchent les touristes qui viennent en Islande pour le « tourisme calme » ?

 

L’Islande représente aujourd’hui un vaste espace de silence, qui devient de plus en plus rare dans un monde agité et dense. Les personnes recherchent une expérience plus en profondeur, conscientes qu’un séjour doit être autre chose qu’une accumulation de sensations sensées combler une insatisfaction souvent sans fin, bien connue dans notre monde de consommateurs. Les personnes qui voyagent avec nous ne sont pas dans l’énumération des sites à visiter en les cochant sur une liste, « J’ai fait Geysir », « J’ai fait les macareux »….

 

Dans quelles sortes de destinations les amenez-vous ?

 

Nous privilégions le Nord et la région de Mývatn hors haute saison, car elle offre beaucoup dans un faible périmètre. L’été nous allons ailleurs : les Hautes Terres, les fjords de l’Est, les endroits hors du tourisme de masse et difficiles d’accès en hiver.

 

Comment voyez-vous le futur du « tourisme calme » ?

 

Il n’y aura pas de futur sans tourisme plus calme, plus qualitatif, donc plus durable. Le tourisme explose actuellement en Islande : il suffit de visiter des endroits de la planète qui ont été magnifiques il y a 20 ou 30 ans pour facilement en déduire ce que sera l’Islande si il n’y a pas une vision cohérente du développement, autre que celle de la recherche du profit immédiat.

 

Y a-t-il quelque chose de spécifique de l’Islande pour ce genre de tourisme ? Pourriez-vous faire la même chose en France, par exemple ? Elle a sûrement des endroits très beaux aussi...

 

Il y a des endroits très beaux partout sur cette planète et particulièrement en France, mais l’Islande n’est pas belle, elle est magique. Je citerai un passage du livre de Jon Kalman Stefansson, Entre ciel et terre : « …du reste en Islande il n’y a pas grand chose à voir d’autre que des cailloux, mais il y a cette lumière qui transforme les hommes en poètes ».

 

Si vous n'étiez pas en Islande, en faisant ce que vous faites, où seriez-vous et en faisant quoi ?

 

Je ne m’imagine pas ailleurs.

 

... Et puis voulez-vous rajouter quelque chose ?

 

Un proverbe de la sagesse ancienne de la Chine : « Celui dont la pensée ne va pas loin, voit les ennuis de près ! ».

 

 

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©Copyrignt photos :

Jean-Pierre Lamic, Corinne Bazin, Véronique Teisseire, Katamkera, Terres Nomades

 

Réalisation images :

 

- Julie AMBRE

- Tiphaine MUFFAT

- Manon MATHIEU

- Titouan FAURE

Étudiants en DUT Gestion Administrative et Commerciale des Organisations (GACO)

Université Savoie Mont Blanc