Quels liens existent-ils entre commerce équitable et écotourisme? Interview de Jean-Pierre Lamic par Ekitinfo

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Quelle est votre définition de l’écotourisme ? Est-ce que vous partagez la définition de l’ATES ?

 

 

 Oui, bien sûr, puisqu’il s’agit de la définition officielle, qui est, ici, reprise en grande partie.

Pour la rendre accessible au plus grand nombre, nous l’avons retranscrite de la manière suivante sur le site de vve-ecotourisme.com :

L’écotourisme, c’est quoi ?

  • Un tourisme axé sur la nature et qui possède une composante éducative ;
  • Une forme de développement qui contribue au bien-être des communautés locales et encourage leur participation ;
  • Un tourisme qui contribue à la protection du patrimoine humain, naturel et culturel.

L’écotourisme se doit

  • de considérer l’ensemble des implications sociales qui découlent de la mise en tourisme des territoires.
  • de préserver les aménités des territoires, à savoir tout ce qui en fait leur attractivité

Est-ce que l’écotourisme et le tourisme équitable sont deux termes pour désigner la même chose ? Est-ce que vous partagez la définition de l’ATES sur le tourisme équitable (http://www.tourismesolidaire.org/tourisme-equitable-et-solidaire/definitions/tourisme-equitable/le-tourisme-equitable.html) ?

Bien entendu, nous partageons aussi cette définition  sur le tourisme équitable, Bernard Schéou, qui l’a largement inspirée, représentera d’ailleurs l’ATES au prochain Forum National du Tourisme Responsable, comme cela était déjà le cas en 2010.

En revanche, on ne peut dire que tourisme équitable et écotourisme désignent la même chose. Le tourisme équitable peut se dérouler en ville, ou au sein de communautés qui ne sont pas en lien direct avec un espace naturel, composante indispensable à l’écotourisme.

Par ailleurs, il existe des espaces naturels non peuplés, au sein desquels il est possible de pratiquer l’écotourisme. C’est le cas de certains déserts ou de Parcs nationaux (un seul des 9 parcs nationaux de France abrite des habitants dans son cœur de Parc : celui des Cévennes).

L’écotourisme représente donc un mode de tourisme doux, à la fois pour les espaces naturels, mais aussi pour les populations locales. Du moins en théorie, car certains opérateurs, voire des Etats, qui revendiquent de pratiquer l’écotourisme sur leur territoire sont en fait très loin d’en appliquer tous les principes. L’écotourisme, ce n’est pas juste visiter des espaces naturels…

La thématique du FNTR « Ecotourisme et préservation de la biodiversité » développera très largement l’ensemble de ces questions.

Quant à V.V.E, elle prône depuis toujours une approche territoriale de l’écotourisme, d’où l’importance de la thématique « Tourisme et Territoires » développée avec Alain Laurent, spécialiste reconnu sur ce sujet, et fondateur de l’Association Territoires Responsables.

Quel est le lien entre le concept de « commerce équitable » et celui de « tourisme équitable » ?

Il existe un double lien :

Le touriste consomme directement des produits, pour se nourrir, en achetant des souvenirs, etc. Mais il consomme aussi des services.

Dans le premier cas, il peut consommer, soit des pommes ayant fait le tour de la planète avant d’arriver là où il se trouve, ou bien des fruits qui proviennent d’un verger voisin, permettant à de nombreuses familles de vivre de cette activité en lien avec leur territoire.

Les pommes provenant du marché mondial présenteront un coût de production énergétique et un bilan carbone désastreux, et n’aideront en rien les producteurs locaux et l’économie régionale. Les pommes issues du verger voisin, offrent à minima une source de revenus aux producteurs locaux. Le lien avec le commerce équitable est ici direct.

Notons au passage que les principes du commerce équitable sont repris par toutes les formes de tourisme responsable, dont l’écotourisme – pas seulement par le tourisme équitable –  et qu’il s’agit même d’un des critères essentiels !

Même si aujourd’hui il existe des opérateurs de voyages qui proposent des pommes issues du marché mondial à leurs clients et nous parlent de tourisme responsable ! Cela s’appelle le Greenwashing.

 

En ce qui concerne les services, tout est plus compliqué. L’agence ou le guide qui offre ces services peut être local(e) ou pas, mais le simple fait qu’il ou elle soit local(e) ne suffit pas à en faire un maillon du tourisme équitable. Doivent être pris en compte, les qualifications des uns et des autres (pour éviter les problèmes de concurrence déloyale et de sécurité), mais surtout la répartition des bénéfices au niveau local.

Un peu partout, le tourisme a engendré l’apparition de potentats locaux ou nouveaux riches, ce qui, bien souvent, provoque des désordres sociaux. Le tourisme équitable doit donc avant tout veiller à ce que la répartition des bénéfices soit équitable, et qu’elle soit bénéfique à l’ensemble des membres des communautés concernées, voire à l’ensemble des communautés de la région concernée.

Comment le vérifier ? Rien n’est simple, d’où les débats sur la labellisation et les systèmes d’évaluation…

Quelle est la différence entre l’écotourisme et les voyages éco-responsables ?

IL s’agit simplement d’une question d’échelle, car les principes sont les mêmes.

Le terme éco provient du mot grec : maison, qui englobe le contenant (la maison) et le contenu (les hommes qui l’habitent)

Eco-responsable est donc approprié d’un point de vue étymologique  à un tourisme respectueux de notre maison commune : la nature – la planète et des hommes qui l’habitent.

L’écotourisme s’opère plutôt sur des espaces naturels, le voyage éco-responsable s’effectue partout, sans distinction de lieu.

C’est la raison qui a prévalu au choix de la dénomination de notre association : L’association des Voyageurs et Voyagistes éco-responsables. En général, on parle de tourisme responsable, le terme « voyages éco-responsables » étant réservé aux produits des voyagistes qui adhèrent à notre charte : http://blog.voyages-eco-responsables.org/notre-charte/charte-du-voyagiste-eco-responsable/

Pour approfondir tous ces sujets, Rendez-vous au Forum National du Tourisme responsable.

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©Copyrignt photos :

Jean-Pierre Lamic, Corinne Bazin, Véronique Teisseire, Katamkera, Terres Nomades

 

Réalisation images :

 

- Julie AMBRE

- Tiphaine MUFFAT

- Manon MATHIEU

- Titouan FAURE

Étudiants en DUT Gestion Administrative et Commerciale des Organisations (GACO)

Université Savoie Mont Blanc