« Les stations de ski doivent se mettre au vert »

Consommation phénoménale d’eau et d’énergie pour faire de la neige artificielle, émissions de CO2 : alors que les régions alpines sont menacées par la crise climatique, l’industrie du ski ferait bien de changer ses pratiques.

Chaque année, un million de Britanniques prennent la direction des pistes ; cinq millions se disent skieurs même s’ils ne partent pas tous les ans à la montagne. L’Europe compte plusieurs milliers de stations de ski, dont les plus populaires sont situées en Autriche, en France, en Suisse et en Italie.

A elles seules, les Alpes abritent plus de 600 stations qui disposent de plus de 10 000 rampes et télésièges, et accueillent 85% des skieurs britanniques. Quel impact cet afflux annuel de touristes a-t-il sur les fragiles écosystèmes des régions montagneuses ? Et quel effet le changement climatique a-t-il sur l’industrie du ski ?

 

Les régions alpines sont particulièrement sensibles au changement climatique. Les Alpes, par exemple, se réchauffent à un rythme trois fois plus élevé que la moyenne planétaire. Contrairement à d’autres types de tourisme, le ski est totalement tributaire des conditions météorologiques et du climat, comme l’explique la consultante en voyages Veronica Tonge, qui a créé le site ResponsibleSkiing.com : « La température joue un rôle déterminant dans les chutes de neige, la fonte et la production de neige artificielle ; la météo peut affecter les activités journalières en obligeant par exemple les stations à fermer les télésièges ; et le climat a des conséquences générales sur l’avenir. « 

 

Face à l’augmentation des jours de fermeture, les stations doivent innover pour continuer à attirer les touristes et préserver leurs recettes. Elles proposent donc davantage d’activités culturelles ou sportives comme les randonnées en raquette et en traîneau. Mais les principales innovations pour s’adapter au réchauffement climatique sont d’ordre technologique. Mais les aménagements paysagers, la création de nouvelles pistes et l’enneigement artificiel ont un coût environnemental et économique considérable.

 

La stratégie la plus répandue, considérée aujourd’hui comme une nécessité par de nombreuses stations, est l’enneigement artificiel, réalisé à l’aide d’énormes canons qui expulsent de l’air comprimé et des particules d’eau. Cette technique requiert une quantité considérable d’argent, d’énergie et d’eau. Son coût varie, augmentant disproportionnellement avec la température, mais il représente un minimum de 116 000 livres [140 000 euros] l’hectare. L’énergie constitue la plus grosse dépense, mais, dans la plupart des cas, on peut se la procurer à partir de sources renouvelables.

 

De fait, l’impact le plus important est celui sur l’eau. Selon la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA), il faut 95 milliards de litres d’eau pour couvrir de neige artificielle les 23 800 hectares de pistes de ski alpines, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’eau d’une ville de 1,5 million d’habitants. En prélevant l’eau dans les rivières, les lacs et les bassins de retenue, l’enneigement artificiel affecte la vie aquatique et la distribution d’eau. La demande est si grande que certaines stations sont obligées de construire des lacs artificiels, qui sont à la merci d’inondations, de chutes de pierre et d’avalanches.

 

Au niveau des skieurs eux-mêmes, l’empreinte carbone la plus importante provient des voyages.

Une étude réalisée en 2007 par l’association Mountain Riders et l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) montre que 73% des émissions de CO2 engendrées par les séjours au ski proviennent des voyages en avions.

 

C’est pour aider les skieurs à réduire leur empreinte carbone que Daniel Elkan a créé le site Snow Carbon. « Le plus étonnant », dit-il, « est que peu de voyagistes sont au courant des options ferroviaires qui s’offrent à eux. »

Article lu sur le site www.courrierinternational.com, 19.01.2012 | Ben Hudson | The Ecologist

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©Copyrignt photos :

Jean-Pierre Lamic, Corinne Bazin, Véronique Teisseire, Katamkera, Terres Nomades

 

Réalisation images :

 

- Julie AMBRE

- Tiphaine MUFFAT

- Manon MATHIEU

- Titouan FAURE

Étudiants en DUT Gestion Administrative et Commerciale des Organisations (GACO)

Université Savoie Mont Blanc