Questions sur le principe du tourisme responsable :
Il existe de multiples formes de tourisme responsable, selon que l’on voyage seul, en groupe, selon la durée, les modes de déplacement choisis.
Je dirai que nous avons synthétisé les 80 points auxquels il conviendrait de penser avant chaque départ, dans la Charte du Voyageur éco-responsable©.
Il existe depuis fort longtemps. Ma prise de conscience personnelle par exemple remonte à 1994. À cette époque-là, pourtant, aucune publication, aucun voyagiste n’en parlait. En revanche sur le terrain il était déjà assez aisé de discerner les pratiques existantes, celles qui prenaient en compte une problématique territoriale incluant le rapport aux visités, et l’autre largement majoritaire qui favorisait le court terme et les profits, notamment au bénéfice des entreprises privées.
C’est pourquoi, bien au-delà des mots et des déclarations d’intention, V.V.E favorise les évaluations de terrain, axe principal de notre travail.
La concomitance de l’impulsion donnée par les instances internationales (Organisation Mondiale du Tourisme), de la prise de conscience de certains voyagistes, et du rejet de certaines formes de tourisme de masse par un nombre croissant de voyageurs et d’habitants des régions concernées sont à l’origine des premières réflexions sur le sujet. Sa mise en place est néanmoins balbutiante. La raison principale est le manque de compréhension de la complexité des enjeux et éléments à prendre en compte.
Le manque de compréhension mentionné ci-dessus concerne en premier lieu les terminologies, souvent assimilées de tourisme solidaire, équitable, responsable ou d’écotourisme. Chacune de ces notions détermine pourtant des réalités de terrain bien distinctes. Le tourisme responsable est l’appellation communément admise en France pour recouvrir l’ensemble de la problématique, plus par défaut que par réel consensus. Les autres terminologies désignent des parts plus ou moins importantes du tourisme responsable. Dans l’absolu, le tourisme responsable devrait tendre à concerner l’ensemble des voyageurs. Alors que le tourisme solidaire se cantonne aux actions et microprojets que l’on peut aider à financer grâce aux retombées économiques du tourisme. Il existe donc une réelle différence d’échelle.
Quant au tourisme durable, il souffre de la mauvaise image qu’est en passe d’avoir le développement durable.
Notion qui effraie les tenants du PIB, bon nombre d’actionnaires, et de décideurs plus ou moins liés aux intérêts privés des entreprises, et rebute les partisans d’un réel changement de cap des orientations économiques prises par les pays industrialisés.
Avant de parler de tourisme durable, il conviendrait de revenir à des modes de consommation durables dans tous les domaines d’activité.
La principale action concrète à ce jour est la promulgation des critères internationaux de base pour le tourisme responsable. Malheureusement cette action se trouve noyée dans une masse d’informations subalternes. V.V.E a choisi de les diffuser, notamment en les insérant dans notre dossier de presse.
Oui et non. Oui, parce qu’en générant toujours plus de richesses à certaines contrées, il laisse à penser qu’il peut représenter une solution pour ces dernières. L’exemple des politiques basées sur le tout ski dans les Alpes françaises est révélateur sur ce point. Oui encore parce que la course au prix le plus bas nuit gravement à la compréhension du juste prix qui permettrait de rémunérer et considérer chaque intervenant de la chaîne touristique. Condition incontournable pour un tourisme responsable.
Non, parce que l’observation des effets pervers bien visibles générés par le tourisme de masse donne raison à ceux qui considèrent qu’il vaudrait mieux penser le tourisme autrement.
Le problème est que beaucoup ne savent ou ne veulent attribuer les effets pervers constatés au type de tourisme développé.
Principalement par les associations. Il existe par ailleurs de très bonnes publications. La rubrique « A lire » de notre blog en recense un grand nombre. Malheureusement aujourd’hui l’information va au voyageur plus que le voyageur ne va à l’information.
Pour ma part j’ai passé deux années à rédiger un ouvrage dont l’unique vocation était de sensibiliser les voyageurs aux enjeux du tourisme responsable. Puis deux autres années à créer l’Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables et un blog mis à la disposition des voyageurs intéressés grâce à un travail entièrement bénévole.
Force est de constater que l’information intéresse beaucoup les étudiants, les personnes déjà impliquées par la thématique, les journalistes, et très peu le voyageur.
Seules les entreprises du secteur auraient les moyens de réellement sensibiliser les voyageurs et touristes. Certaines le font. Mais j’estime que ce n’est pas leur rôle. On ne peut être juge et partie. Il serait préférable qu’elles aident financièrement les spécialistes du secteur à organiser l’information.
La conséquence est la dégradation des territoires et des relations sociales à tel point que le tourisme pratiqué obère tout développement futur puisqu’il détruit les caractéristiques qui constituaient pourtant l’attrait initial du lieu de villégiature.
Bien évidemment, ils sont souvent les premiers concernés. Le tourisme s’il était pratiqué de manière responsable devrait être bénéfique à tous. Intervenants du Nord comme du Sud, du pays émetteur et du pays visité. Nous en sommes encore très loin, et seuls les grands groupes de tourisme en tirent de réels profits. Les retombées sociales sont minimes dans de nombreux territoires pourtant exploités depuis longtemps par l’industrie touristique.
Je considère que les choses bougent beaucoup trop lentement. Je vis au cœur du plus grand espace skiable du monde, région où presque tout est à repenser. Pourtant les schémas types de développement n’évoluent pas.
Le tourisme responsable en France, tel qu’il est présenté, représente une poignée de touristes qui voyagent encadrés par des organismes soucieux de faire voyager autrement. Qu’en est-il du tourisme individuel ? Celui qui génère de très loin le plus de dégradations de part le monde ?
V.V.E a recoupé tous les critères des différentes chartes. En matière de territoires, il en existe par exemple 6 reconnus internationalement. L’association TER_RES avec qui nous collaborons travaille à un référentiel pour des territoires responsables et qui de part la méthodologie employée (scientifique) aura véritablement valeur de référence. La jungle des labels et certifications a jusqu’à présent plutôt desservi la cause qu’ils prétendent défendre : Exclusion des opérateurs qui n’ont pas les moyens de se les payer, principes déterminés de manière univoque, évaluation de terrain inexistante…
Les autres chartes sont établies par des opérateurs de tourisme. Certaines ont valeur d’engagement pour l’opérateur qui la diffuse et à ce titre sont respectables à défaut d’être officielles ; d’autres relèvent du catalogue de bonnes intentions.
J’en suis le Président fondateur
Il existe deux sortes de touristes non responsables. Ceux qui sciemment pensent « après moi le déluge »et veulent jouir avant tout de leurs vacances, et ceux qui le sont sans s’en rendre compte, parfois pétris de bonnes intentions.
Pour les premiers, mieux vaut renoncer et conserver son énergie à expliquer aux autres.
Les comportements les plus fréquents sont le don au lieu de l’échange, donner à toute chose une valeur pécuniaire quand un sourire n’en a pas, acheter trop cher parce que l’on ne connaît pas le prix dans le pays visité, conserver des gestes communs chez soi qui peuvent être déplacés chez le visité, produire une quantité importante de déchets dans un lieu où rien n’est fait pour le recyclage, utiliser 350 litres d’eau (moyenne de consommation d’un touriste) dans un pays en déficit hydrique, se donner bonne conscience face à la prostitution, acheter son voyage au dernier moment à prix cassé…
Le responsable de Voyageons Autrement a dit récemment que j’étais connu pour ne pas employer la langue de bois. Considérant que c’est une vertu, voici ma réponse.
Je vois deux aspects : Informer le public du fait qu’une autre forme de tourisme existe.
L’autre, dans leur formule actuelle, sert de marchepied médiatique à des structures liées au voyage, dont une part qui n’en applique que très peu les principes, et accessoirement à des personnalités peu au fait des enjeux.
L’évaluation de terrain pour laquelle nous militons, pas seulement concernant les Trophées, permettrait d’éliminer une partie de ces postulants avant qu’on ne les médiatise.
De ce fait les Trophées pourraient assumer pleinement leur rôle d’information auprès des voyageurs et offrir une meilleure lisibilité sur les « produits touristiques » véritablement éco-responsables.
Absolument pas. Nous sommes en situation d’urgence. Le tourisme au même titre que l’être humain devra s’adapter rapidement aux nouvelles exigences dictées par l’instinct de survie.
Le tourisme responsable devra passer rapidement de la niche de marché à la norme en matière de voyages.
Le danger vient avant tout du greenwashing qui permet aux adeptes du maintien en l’état de gagner du temps sur des échéances qu’il conviendrait de considérer comme actuelles.
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